Retrouvez tous les acronymes cités dans le Lexique Explicatif ici
Arrivé en France durant la seconde partie des années 20, en provenance de Garrucha en Espagne, c’est en 1935 qu’André Berruezo commence à se faire remarquer dans le milieu cycliste lyonnais. Il a alors 21 ans et se lance dans la catégorie débutant.

Si les premières mentions presse à son sujet remontent au mois de Janvier 1933, le mois de juin 1935 le voit signer sa première victoire, en catégorie débutant, lors du Prix Devif, le 16 du mois. Courant alors pour l’U.C.V. il est également classé 4ème au classement général de l’épreuve.
Après avoir remporté l’épreuve hebdomadaire U.S.C.L.R. du 8 Aout, il décroche à nouveau la victoire en catégorie débutant lors de la Finale du Critérium U.S.C.L.R. le 15 Septembre.
A ce jour, nous avons connaissance de 36 courses auxquelles il a prit part en 1935. Cette année là, il remporte donc 4 victoires en catégorie débutant. Hors de cette catégorie, il signe 3 victoires. Toutes catégories confondues, il apparaît dans 31 top 10 pour les 36 épreuves en question.
L’année 1936 vient alors confirmer ces débuts prometteurs. Remarqué suite à cette première année, il fait partie de l’équipe lyonnaise envoyée par la F.S.G.T. à Paris pour participer au Grand Prix de l’Humanité. Ainsi, le 31 Mai 1936, sous la grêle, il prend le départ de cette course de 200km pour rallier Rouen. Parmi les 316 participants du jour il se classe 46ème tandis que Cottat remporte la première place.

Le 2 Août 1936, alors que se termine le Tour de France et qu’en Allemagne s’ouvrent les Jeux Olympiques de Berlin, André Berruezo devient Champion de France sur 100km Routes de la F.C.F., Fédération Cycliste Française.
Après s’être classé 2ème lors du Prix Bollard le 23 Aout, il renoue avec la victoire le 21 Septembre lors du Critérium des Grandes Caves de Lyon. Durant les 170 km du parcours, il récolte la prime au sommet du Col de Planfoy et est victime d’une crevaison à Serrière. Malgré cela, il boucle le tracé en 5h31 et en tête.
Le 5 Octobre, remportant l’épreuve hebdomadaire U.S.C.L.R., il est sacré Champion 1936 de son Club, l’U.C.V., l’Union Cycliste Villeurbannaise.
Cette année là, il remporte également 2 fois le prix de Pont de Cheruy, le 10 mais ainsi que le 9 Septembre.
L’année 1936, se conclue au terme de 24 courses connues, pour 20 top 10 dont 8 victoires, parmi lesquelles le titre de Champion de France.
Pour la saison 1937, André Berruezo quitte l’U.C.V pour rejoindre le V.C.B., Vélo Club des Brotteaux. Ainsi, il sort de l’U.S.C.L.R. et donc de la F.C.F., fédération dissidente, et rejoins l’U.V.F, l’Union Vélocipédique Française, qui existe encore de nos jour sous le sigle F.F.C., Fédération Cycliste Française. Créée en 1881, cette fédération adhère aujourd’hui à l’U.C.I., l’Union Cycliste Internationale, dont le palmarès fait figure de référence dans le cyclisme.
C’est également à ce moment qu’il commence à fréquenter celle qui deviendra son épouse, Marceline. Cliquez ici pour découvrir Madame Berruezo.

Le voyant rejoindre ses rangs, le Comité U.V.F. du Rhône le classe alors en 2ème catégorie. De ce que l’on en sait, il s’agit de la catégorie « Aspirants », anti chambre de la catégorie professionnelle. Si la presse d’époque nous apprend que ce classement semble exagéré, voir immérité, pour nombre d’observateurs, la réponse du concerné ne se fait pas attendre.
En effet, Le 25 Avril se court le très relevé Grand Prix de Lancey. Ouverte à tous les adhérents U.V.F. sauf amateurs, cette course oppose 97 coureurs sur une boucle de 130 km dans le Dauphiné, départ et arrivée se tenant à Lancey. C’est sur ce tracé qu’il vient justifier son classement en 2ème catégorie, remportant une large victoire sur l’ensemble de ses concurrents, locaux comme lyonnais. Grâce à la photo d’après victoire, publiée dans Le Petit Dauphinois, nous apprenons qu’il court alors sur Cycles Terrot, fabriquant réputé et absorbé par Peugeot en 1959. Sur ce cliché, André Berruezo est aux côté de Lorino. Présentée comme un binôme lyonnais dans la presse, le récit familiale nous enseigne que la paire Berruezo/Lorino n’a rien de prémédité ni d’amical: elle n’existe pas.
Une autre victoire viendra égayer l’année 1937 d’André Berruezo. Ainsi, le 20 Juin se court le Grand Prix des Commerçants des Etats Unis, basé à Lyon et se courant sur un tracé passant par plusieurs département. Ce jour là, au terme d’une course de 150 km, il passe la ligne d’arrivée en vainqueur après 4h45 sur cycles Terrot.
De ce que l’on sait, en 1937 il prend part à 13 courses et en remporte donc deux tout en réalisant 2 autres classement dans le top 10. Le 10 Octobre, à l’occasion du Grand Prix A.V.A. Mavic, il signe une 15ème place alors que s’affrontent As et Aspirants.
Lors de l’année 1938, de ce que l’on en sait, il participe à 12 courses. Parmi celles-ci il prend part à deux Prix Terrot, l’un en région lyonnaise où il se classe 7ème, l’autre à Villefranche sur Saône où il termine 18ème. Le 15 Mai, il participe au Grand Prix Cycliste de la Ricamarie à Saint Etienne. Cette journée festive est corsée pour les coureurs sur route. En effet, il s’agit de courir une étape le matin, une seconde l’après midi, et de se voir classé en fonction des temps cumulés des deux étapes. 103 coureurs participent à cet événement. En fin de matinée, à l’issue des 94 km de la première étape, André Berruezo se classe 70ème. En fin d’après midi, à l’issue de 146 kilomètres de la seconde épreuve, il passe la ligne d’arrivée en 17ème position. Le classement au temps de la journée le place en 20ème position suite à la réalisation du total de ces 240km à travers la Loire et la Haute Loire en 8h39m42s.
Le 9 Mai, il signe une place de 2ème au Grand Prix de Jallieu. Le 6 Juin, il remporte son seul succès connu de l’année 1938 en arrachant le Grand Prix de la Soierie, à Lyon, épreuve sur 120km opposant 60 concurrents, et ce toujours sur cycles Terrot.
Concernant l’année 1939, nous ne recensons pour l’heure que 3 courses. Son classement est inconnu sur le Grand Prix des Vêtements Philip & VCLV le 5 Mai. D’après la presse il est lâché durant la course. Il est envisageable qu’il s’agisse d’un abandon. Le 14 Mai, il termine 7ème du Grand Prix de Pont de Cheruy sur 87 km et le 19 Juillet il apparaît en deuxième place du Prix de la Ruche de Montchat, course de 94 km.
En septembre, il est appelé pour participer à l’effort de guerre et ne reviendra, suite à cinq ans de captivité, qu’en 1945 auprès des siens.

En parallèle de son emploi d’égoutier ainsi qu’à l’asphalte pour la commune de Villeurbanne, André Berruezo ouvre en 1948 un magasin de cycles rue Professeur Calmette à Villeurbanne, dont il commence l’aménagement dès 1946. C’est la naissance des Cycles A.Berruezo. Cette boutique déménagera deux fois.Après avoir démissionné de son emploi auprès de la commune, c’est en 1951 qu’il installe les Cycles Cours Emile Zola. Enfin, en 1964, et jusqu’à leur disparition, la boutique se tiendra rue Paul Lafargues. Ces deux adresses étant également située à Villeurbanne.
Conjuguant vie de famille et magasin de cycles, André Berruezo continue à courir. Démobilisé en 1945, à l’âge de 31 ans, ses rêves de carrière professionnelle sont derrière lui. Le cyclisme, en revanche, ne l’a pas quitté. En plus du magasin de cycles, il monte une équipe de coureurs et organise une course en son nom, le Prix Berruezo. Nous évoquerons tout cela dans la partie « Cycles A Berruezo » du site.

Les décennies cinquante et soixante sont assez bien remplies pour André Berruezo. Sa boutique compte Roger Pingeon et son frère parmi sa clientèle, sont fils ainé, prénommé André également, entame une carrière des plus prometteuses avant d’être stoppé par ses problèmes de santé consécutifs à un grave accident en 1962. Dans le même temps il continue à courir. Membre du « Club Lyonnais des Amis du Vélo », le C.L.A.V., il concourt, entre autres, avec Messieurs Robillard et Camerlo, directeur de l’Opéra de Lyon, et croise des coureurs comme Roger Rivière. Du fait du statut amateur de ses participations et le fait qu’il s’agisse encore d’années proches de nous, les archives de presse ne nous apportent, à ce jour, pas d’informations au sujet de ces courses et d’éventuels résultats.
Le 13 Juillet 1967, André Berruezo assiste, avec sa famille, à la chute de Tom Simpson dans le Mont Ventoux lors de la 13ème étape du Tour de France. Cet événement vient confirmer son opinion au sujet de toute forme de dopage, pratique qu’il a en horreur depuis toujours.
Quittant définitivement Villeurbanne pour l’Ain en 1970, André Berruezo voit ses cycles disparaître.

Il participe dès lors à des événements dans l’Ain. Ne manquant pas une course de vétéran, il y court régulièrement en compagnie de Raymond Elena dans le Bugey. Certaines courses, comme celles organisées en partie par le V.C.A., Vélo Club d’Ambérieu en Bugey, à Jujurieux cessent peu à peu. En effet, en dehors de lui et de l’ancien coureur du Tour de France, les participants de la catégorie Vétérans ne prennent pas les choses au sérieux et participent en étant hors de forme et sans préparation, augmentant les risques d’accidents. Cet élément conduira le Club à cesser de participer au maintien de la catégorie pour des raisons d’assurance suite à l’édition remporté par André Berruezo en 1977.
Entretenant une hygiène de vie irréprochable, sa condition physique lui permet toujours de courir. Ainsi il fait partie du V.C.N.C. (Nantua), dont il est à la fois équipier et entraîneur, également en compagnie de Raymond Elena. Il y rencontre de nombreux jeunes coureurs prometteurs comme Christian Dubus, Thierry Planaise et Gilles Bouvard qu’il prend sous son aile. En parallèle du club il participe aux entraînements de ce dernier, se liant même d’amitié avec lui tout en parcourant régulièrement des tracés de 130 kilomètres. Ces moments sont l’occasion de partager ses souvenirs, expériences, savoirs et conseils. Sa condition lui permet alors de décrocher régulièrement la victoire dans sa catégorie. Il court notamment en duo lors d’épreuves gentleman. Entre autres, en Avril 1982, lors du 2ème Gentleman de la vallée du Lange, il remporte la catégorie « + de 50 » ans avec Gilles Bouvard et en Octobre 1989, il termine 2ème du 5ème Gentleman Bressan en duo avec Christian Dubus en catégorie « + de 110 ans ».
En 1991, le club de Nantua cesse d’exister et André Berruezo rejoint l’E.C.A.M. d’Arbent, toujours en compagnie de Christian Dubus. Il a alors 77 ans. La passion l’anime encore et son cyclisme continue tout de même notamment à travers des courses en Gentleman. D’après Monsieur Carmine Pugliese, Président du club, il n’apparaît pas dans leurs archives après cette saison là. Tout nous porte à croire qu’il n’y a donc couru qu’un an. Toujours est il qu’il figure, encore à ce jour, sur une photo grand format dans les locaux de l’E.C.A.M. présentant les membres du bureau et les adhérent de la l’année en question.

Habitué de l’épreuve annuelle, il rencontre le 26 Octobre 1997, Bernard Hinault, à l’occasion du 25ème Prix de la Boulange à Pont de Veyle. Vainqueur de sa catégorie, il se voit remettre le trophée des mains du quintuple vainqueur du Tour de France. C’est au cours de cet événement qui a de prestigieux parrains qu’il rencontre des coureurs comme Luis Ocana. En 1998 Roger Pingeon en était l’invité.
En 1999, à l’âge de 85 ans, il participe à la course de côte de la Chartreuse à Lagnieu. Durant cette ascension il est suivis en voiture et soutenu par 2 fervents supporters, nous, Marcel et Wilfrid Berruezo, son fils et son petit fils. Passé la ligne d’arrivée, les médecins souhaitent l’examiner. A contre cœur, n’estimant pas cela utile et cherchant un peu d’espace pour respirer sereinement, il finit par accepter. Stupeur: sa tension est normale, son cœur bat tranquillement. Pour son âge, un tel état est exceptionnel. De ce jour nous restent de forts souvenirs, des photos et une coupe. Cette coupe, soulevée sur la photo ci dessous, brille encore d’un éclat tout particulier.
Cet éclat, c’est celui d’une vie faite de passions, d’humilité, de ténacité et de respect envers soi, son corps et les autres.

En un mot, Champion.
Merci.
Marcel et Wilfrid Berruezo
La très belle histoire au delà du sport et de l’Histoire d’un homme et de la passion qui a traversé sa vie de bout en bout : le vélo.
Quel beau cycle de vie…
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour lui. Cela nous touche sincèrement. En attendant nos prochaines découvertes qui, nous l’espérons, plairont tout autant 😉
J’aimeJ’aime
Bravo à Marcel et Wilfrid BERRUEZO pour ce bel hommage et surtout
respect à Monsieur (avec un grand M) André BERRUEZO pour son engagement entier pour la « petite reine » !!
J’aimeJ’aime
Bonjour Rémi
Merci pour ce message qui nous touche et nous motive à poursuivre nos recherches 🙂
Merci d’avoir pris un peu de temps pour lui
Marcel et Wilfrid
J’aimeJ’aime
Pour moi c’était « le Dédé Berruezo » qui avait été prisonnier en Allemagne avec mon père, Félix, et à qui nous rendions parfois visite à Villeurbanne. Toujours avec le sourire ! Je dois bien avoir quelques photos qui datent de la guerre dans un fond de tiroir.
J’aimeJ’aime
Bonjour ! Merci pour votre message ! Peut être pourrions nous convenir d’un moment d’échange à ce propos ? Nous avons peut être l’un et l’autre des photos à partager 🙂
J’aimeJ’aime
Bonjour,
Pourquoi pas ? Je vais rechercher ça. Ils avaient vécu beaucoup de choses pendant la guerre mais bien sûr pas de photos dans les stalags…. Je suis assez souvent sur Lyon, je vous recontacterai quand j’aurai retrouvé des phots d’après-guerre.
J’aimeJ’aime